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Grossistes

Le 25 Mai 2021

Un maillon important de la filière

Dans la filière horticole, on parle souvent de la production et du commerce de détail. Entre les deux, il y a un intermédiaire, dont le rôle est primordial mais peut-être sous-estimé le grossiste en fleurs coupées, plantes, pépinières. Roland de Boissieu, président de la Fédération Nationale des Grossistes en fleurs et Plantes (FGFP) et Élodie Baeten, déléguée générale de la FGFP précisent ce qu’est et sera le métier de grossiste.

Fleurnews.net : Pouvez-vous expliquer le rôle, le travail du grossiste en fleurs coupées, plantes en 2021 ?

Roland de Boissieu : Je dirai que c’est un metteur en marché, un opérateur qui regroupe une offre générale en fleurs et plantes. Il les sélectionne en tenant compte de leur côté variétal qualitatif en tenant compte de la saisonnalité.

Il assure un service de proximité sur site, par la livraison et la gestion du dernier kilomètre.

Il joue également un rôle de conseil, par exemple sur l’entretien du produit, sa mise en place, la promotion des labels, les tendances et sur le passeport phytosanitaire.

Son rôle est donc très complet et, de plus, sa présence est très importante pour le fleuriste qui partage avec lui ses angoisses. C’est une véritable plate-forme d’échanges et de partages. Son cash est un lieu convivial pour le fleuriste qui travaille seul et pour qui c’est la seule sortie (professionnelle) en dehors de sa boutique.

Élodie Baeten : Je rajouterai qu’il participe aux circuits courts avec la centralisation d’offres de qualité.

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Roland de Boissieu, président

Quelles sont les difficultés actuelles ?

Roland de Boissieu : Je ne parlerai pas de difficultés. Nous sommes sur un secteur dynamique qui a besoin de marchandises. Nous devons donc être capable de sourcer partout en Europe. La principale difficulté est donc de trouver une marchandise adaptée aux besoins et aux goûts des clients, de disposer d’une large diversité, au niveau de fraîcheur voulue.

Dans la période compliquée que nous avons connue depuis un an, notre rôle a été important.

Élodie Baeten : Notre force est d’offrir, grâce à nos volumes, une large gamme de produits avec des stocks toujours frais.

Quand vous parlez de sourcing, où allez-vous ?

Roland de Boissieu : Principalement en France et en Europe. Certains grossistes sont producteurs eux-mêmes. Ils peuvent également avoir établi des liens avec des producteurs avec lesquels ils ont établi des contrats de cultures (France, Belgique, Allemagne, Espagne, Italie).

Élodie Baeten : Il y a plus de sourcing sur les plantes que sur les fleurs dont la production est plus mondialisée.

Roland de Boissieu : C’est vrai. L’offre des grossistes en plantes dépend également de la région dans lequel ils se trouvent. Ils sont liés plus étroitement à la production locale, à la saisonnalité et à la logistique.

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Élodie Baeten, déléguée générale

Est-ce qu’un fleuriste peut se passer d’un grossiste ?

Roland de Boissieu : Non

Élodie Baeten : Un fleuriste ne peut pas se passer d’un grossiste car pour lui, c’est la certitude d’avoir des fleurs de qualité toute l’année et toutes les semaines. Les grossistes sont en général ouverts du lundi au samedi tout comme les MIN (Marché d’Intérêt National) et les Hortipôles.

Vous insistez sur votre logistique. Est-ce en amont ou en aval ?

Roland de Boissieu : En général, le transport amont est sous-traité. En aval, les grossistes ont leurs camions propres ou ils sous-traitent en fonction des pics d’activité.

Élodie Baeten : Les grossistes sont bien ancrés sur tout le territoire. Il y a toujours un grossiste à moins de 200 km d’un fleuriste. Cette distance varie selon le bassin de consommation.

Ce qui fait que le fleuriste peut venir choisir chez le grossiste et être livré le lendemain. Autrement, il serait livré en 48 ou 72 h, avec un choix limité.

Qu’est-ce qui a changé depuis un an ?

Roland de Boissieu : On a enfin remarqué la force logistique des grossistes. Il est clair que beaucoup de fleuristes n’auraient pas pu ouvrir (assurer les deuils, faire du click and collect …) si les grossistes n’avaient pas été là pour leur fournir fleurs et plantes.

Élodie Baeten : Pendant la période de confinement, les grossistes ont pu fournir avec une offre large et qualitative, malgré le blocage des frontières. Les fleuristes faisaient très attention à leurs stocks, les grossistes ont joué le jeu et ont géré. Il ne faut pas pour autant oublier qu’ils ont dû, eux-aussi, jeter de la marchandise et qu’ils ont perdu de l’argent.

Est-ce qu’Internet modifie le métier de grossiste ?

Roland de Boissieu : Il est indispensable d’avoir un site Internet. La digitalisation permet de donner un côté disponible à l’offre. C’est l’évolution du métier.

Mais la vraie différenciation du "présentiel" est de donner accès à une offre très riche en plantes et fleurs coupées. Ce qui est impossible de montrer sur Internet. Le fleuriste qui veut se différencier des grandes surfaces ou des jardineries doit aller chercher des plantes et des fleurs originales.

Élodie Baeten : Les grossistes français sont très compétitifs car ils ont désormais une grande capacité d’achat.

Quel est l’avenir de la profession et à quelles conditions ?

Roland de Boissieu : Le métier de grossiste est confronté à 3 enjeux :

- La concentration : parce qu’aujourd’hui, il faut une force de frappe par rapport – vis-à-vis de la production et à la concentration des grossistes hollandais. Cette concentration peut être capitalistique ou une réunion de forces.

- La succession. C’est un problème qui est commun à l’ensemble de la filière horticole. Beaucoup de dirigeants arrivent à l’âge de la retraite et ils n’ont pas de successeurs.

- L’activité de production. C’est un autre mouvement qui commence et va s’accélérer. Les grossistes notamment en plantes développent leur activité de production. Cela permet de surfer sur l’appétence des produits locaux et d’assurer une certaine indépendance sur les lignes de produits stratégiques.

Élodie Baeten : La crise du Covid a montré que le grossiste est un professionnel important dans la filière. Il est réactif. Il maitrise la logistique ce qui lui permet de jouer un rôle essentiel pour réduire le bilan carbone. Les normes de circulation vont évoluer et des plates-formes seront nécessaires. Dès à présent, les grossistes disposent de points stratégiques physiques dans toutes les agglomérations.

Comment êtes-vous impliqués dans le « mouvement de la fleur française ?

Roland de Boissieu : Le rôle du grossiste est de toujours proposer des fleurs de qualité répondant à un cahier des charges qui se traduit par l’attribution de labels ou de marques officielles. Or avec certaines exploitations du « Slow Flower », nous n’avons aucune garantie en la matière.

D’autre part, avec certains petits producteurs il y a un manque de cohérence dans leurs stratégies commerciales. Ils vendent à la fois aux grossistes, aux fleuristes voire en direct, au même prix.

Élodie Baeten : Il faut que les fleurs et plantes, que nous vendons, aient été produites, où que ce soit, dans le respect absolu de critères sociétaux, environnementaux, sanitaires qui leur permettent d’obtenir les labels, des critères justifiés et justifiables.

Le grossiste est un garant majeur de la promotion de la production française de végétaux sur le marché national et européen. Nous sommes une interface essentielle entre la production et la distribution, présents dans tout le territoire.

Grossistes et producteurs ont chacun leur rôle dans la filière. Ils se respectent et sont complémentaires, pour fournir au mieux les fleuristes.

Le Bureau de la Fédération Nationale des Grossistes en fleurs et Plantes (FGFP)

Président : Roland de Boissieu (Végétal Rungis)

Secrétaire général : Fabien Camus (Horticash)

Trésorier : Maxime François (Groupe Flower système, Fleursassistance Plantassistance...)

Déléguée générale : Élodie Baeten (permanente de la FGFP)

20 grossistes en fleurs, plantes et pépinières, les plus importants, adhèrent à la FGFP.

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